– 29 mai 2020 –
Pendant la crise sanitaire, le gouvernement nous a dit : « La démocratie doit continuer ». Nous y avons alors pris notre part en proposant aux 5 candidats du premier tour à l’élection municipale de Montceau-les-Mines, de répondre à quelques questions par écrit. Voici les réponses d’Eric Commeau.


CONTEXTE

Maire sortante : Marie-Claude JARROT
Population : 18 722 habitants
Circonscription : 5e de  Saône-et-Loire
Intercommunalité : CU Le Creusot Montceau-les-Mines


1er TOUR DES MUNICIPALES 2020

Taux de participation : 34,96%

Votes nuls : 2,06%

Votes blancs : 1,03%


RESULTATS DU CANDIDAT


Eric COMMEAU (Div. G.) 
Liste ENERGIES CITOYENNES MONTCEAU 2020
18,81 % (740 voix)


Avec le recul, revenons sur ce premier tour des élections. Êtes-vous satisfait de votre campagne ? De votre résultat ? Pensez vous que vos idées sont passées auprès de la population ?

Le premier tour des élections municipales a eu lieu il y a maintenant deux mois mais cela semble déjà très lointain tant les préoccupations suscitées par la crise sanitaire ont envahi nos vies et nos pensées. 

Satisfait de notre campagne et du résultat obtenu par Energies citoyennes au premier tour des municipales ? Les deux sont liés, bien entendu. Près de 19 % des voix, on ne va pas se mentir, c’est un score qui n’est pas à la hauteur des espérances que nous avions alors.  Mais avec le recul, on peut cependant considérer que c’est un score tout à fait honorable pour une force politique émergente (nous n’existions pas deux ans auparavant) et qui est composée, dans son immense majorité, de femmes et d’hommes pour qui c’était la première expérience électorale. Cela, il faut le rappeler, avec une fin de campagne marquée par les premiers développements de l’épidémie (on votait le dimanche et on entrait en confinement le mardi) et au final une très forte abstention (65 % à Montceau !). 

D’un point de vue plus politique, notre collectif s’est créé, au départ, en dehors des partis politiques traditionnels et a construit progressivement sa démarche et son programme en dehors d’eux. Ce mouvement citoyen a reçu le soutien d’Europe Ecologie – Les Verts et force est de constater que nous avons obtenu un des meilleurs résultats des listes écologistes et citoyennes à l’échelle départementale et même régionale. Et ce, dans une ville où le vote écologiste n’a jamais dépassé la barre des 10 % aux dernières élections.

Donc, sans aucun doute, aurions-nous pu faire une meilleure campagne, sans doute avons-nous fait des erreurs. Mais globalement nous pouvons être fiers d’avoir fait progresser, dans la population montcellienne, les idées qui nous tenaient à cœur : l’urgence d’une écologie sociale et solidaire indissociable d’un renouveau démocratique, la nécessité de relocaliser certaines productions agricoles en faveur d’une alimentation plus saine et accessible à tous, la lutte contre cette nouvelle fracture sociale que constitue la fracture numérique, etc.

Après coup, qu’est-ce que vous changeriez dans cette campagne ? 

Nous nous sommes efforcés de faire une campagne de terrain, au plus près des gens. Sans doute aurait-il fallu être encore plus en proximité pour mieux expliquer que la triple transition (écologique/sociale/citoyenne) que nous devons engager de front et rapidement, c’est d’abord en faveur des classes populaires et des classes moyennes. La crise que nous vivons aujourd’hui le montre malheureusement de manière très violente : ceux qui souffrent (et qui meurent) le plus, ceux qui subissent le plus durement les effets du confinement, ce sont les plus fragiles : nos anciens d’abord, les personnes isolées, celles et ceux dont les situations en terme d’emploi, de conditions de vie étaient déjà précaires.

Si c’était donc à refaire, je mettrai donc encore plus  l’accent sur les réunions d’appartement qui me semblent être le bon « format » pour prendre le temps de discuter avec les gens, y compris de questions un peu difficiles. Et puis, sans doute, serai-je, à titre personnel, un peu moins tendre avec certains de nos adversaires qui n’ont pas cessé de nous caricaturer, tout au long de cette campagne, y compris la veille du scrutin en distribuant un tract anonyme dans les boites aux lettres de certains quartiers.

Fallait-il maintenir ce premier tour ? 

Là encore, avec le recul, je me rends compte que nous avons pris beaucoup de risques et que toutes listes confondues, nous en avons fait prendre beaucoup à toute la population. Plus d’ailleurs durant la campagne, que le jour même du vote.

Donc oui, si c’était à refaire, j’aurais milité pour un report de l’élection municipale. Ce qui nous aurait évité, soit dit en passant, la situation totalement incongrue dans laquelle on se trouve aujourd’hui pour organiser le second tour.

Que nous révèle la situation actuelle (crise du coronavirus) sur notre société ?

Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur le sujet. Pour moi, ce que confirme cette crise, c’est avant tout que nos sociétés sont bien plus vulnérables et bien plus incertaines que nous le croyions, que la majorité d’entre nous le pensait. Cette crise a agi comme un formidable et dramatique « effet loupe » : toutes les fragilités, les fractures, les inégalités, … existaient déjà. Elles ont été exacerbées. On s’est rendu compte, de manière très concrète, que ce sont nos vies et celles de nos enfants qui sont engagées.

Nous sommes vulnérables parce que, dans cette économie totalement mondialisée et financiarisée, cette économie du court terme, du toujours plus vite / toujours moins cher, nous nous rendons compte que les circuits de production (les « chaînes de valeurs » comme disent les économistes), les circuits de financement, les circuits de décision, etc. sont de plus en plus complexes et que les citoyens, pas plus que nos gouvernements souvent, n’ont réellement de prise sur eux. 

Cette crise a révélé, avec une violence inouïe, que le modèle de développement néo-libéral, court-termiste et consumériste, qu’on nous « vend » depuis des années n’est plus tenable. Un pays encore riche comme la France s’est rendu compte que non seulement il n’avait pas (plus) de stocks de masques mais qu’il n’était plus en mesure de relancer leur production massive à l’échelle nationale voire européenne. Parce que, durant des décennies, nous avons « désarmé » la puissance publique, et plus particulièrement notre système hospitalier et de santé (il faudra aussi parler du scandale absolu de ce qui s’est passé dans nos EHPAD). Parce que, aussi, nous n’avons cessé de délocaliser nos productions industrielles (y compris la production de médicaments) et agricoles.

Je n’ai jamais été un adepte du « Grand soir », mais on se rend bien compte que pour nous en sortir, il faudra sortir de ce modèle qui a montré ses limites. Parce que, quand la pandémie aura été maîtrisée, les défis auxquels nous devions répondre avant seront toujours là après. Il nous faudra lutter conjointement et collectivement contre le réchauffement climatique, l’extinction massive de certaines espèces animales et végétales, la pollution de l’air, de l’eau, des sols et la destruction des espaces naturels…  Mais aussi contre l’accroissement des inégalités, l’élargissement des fractures sociales, territoriales, éducatives, numériques…  Mais aussi contre la confiscation du pouvoir par les puissances économiques et, en réaction, contre la tentation qui se répand, y compris en Europe, d’en finir avec la démocratie pour la remplacer par des régimes autoritaires et/ou religieux.

Second tour, engagement politique à Montceau-Les-Mines ou au-delà : que prévoyez-vous maintenant ?

Energies citoyennes travaille avec la liste conduite par Laurent Selvez, aux conditions du rassemblement, au second tour. Pour permettre l’alternance à Montceau, Energies citoyennes a proposé une alliance et un pacte de gouvernance, sur la base des convergences identifiées dans nos programmes respectifs mais en tenant compte aussi de nos identités respectives et des résultats obtenus au premier tour.

Eric COMMEAU

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