Peut-être avez-vous aperçu, récemment,  les mannequins caniches de la Cie La Ribambelle déambulant fièrement dans les rues du centre ville de Chalon, par ailleurs surnommé Berlin-sur-Saône !  Vous vous demandez probablement qui étaient ces personnages. On vous le dévoile ici avec une interview de leur maîtresse Zaïna, chorégraphe et danseuse qui signe sa première création avec le spectacle SPRINT.

 

Deux danseuses/vendeuses submergées par le poids des vêtements, un espace restreint et un duo explosif sur scène, peux-tu nous dire quelques mots sur ta nouvelle création ?

C’est aussi ma première pièce pour l’extérieur, l’espace public. Ma formation de danseuse et mes expériences professionnelles ont été jusqu’ici uniquement dédiées aux théâtres. « Sprint » me trottait en tête depuis la fin de mes études à Paris. Je travaillais dans une boutique de basket des beaux quartiers de la
capitale. Un jour, en poussant la porte du magasin, un père me dit : « Je souhaite que ma femme et mes enfants aient les mêmes chaussures que moi. Que nous ayons tous des Stan Smith aux pieds, parce que c’est la mode » . Cette demande n’a plus cessé pendant les 3 ans qui ont suivi mon embauche. Les fournisseurs me livraient des nouveaux modèles toutes les semaines. L’apparence était très importante et indiquait le statut social de chacun des habitants du quartier, tout comme de ses commerçants. J’étais hébétée de la rapidité des changements de tendances. Les vitrines changeaient d’apparence à une vitesse incroyable.

Sprint, c’est une course au paraître, course aux tendances pour continuer de plaire, d’exister dans la société dans laquelle on évolue. SPRINT c’est une boutique trompe l’œil qui se mêle aux flux des rues commerçantes. J’ai eu l’idée d’utiliser un portant (un peu modifié) pour vêtements, sur roulettes, pour représenter ma boutique. Une boutique éphémère qui crée l’agréable surprise de la nouveauté aux yeux des passants, futurs clients. Pour l’écriture chorégraphique je me suis gavée de défilés de mode, de magazines tendances, de tutos beauté, et d’observations dans les villes que j’ai parcouru : la main dans les cheveux dans la vitre du métro, l’ajustement d’une veste aux abords d’un café. Et puis je suis fan du compositeur Steve Reich. Ses partitions musicales sont des procédés d’accumulations et de répétitions. Alors les gestes de mise en valeur, mise en beauté, sont devenus une sorte de partition chorégraphique. On défile sur des
podiums distincts, et on en rajoute (vêtements et mouvement) un peu plus à chaque retour backstage. Les mouvements sont contraints à se modifier sous l’épaisseur des couches, sous le poids des costumes. Le son monte et le rythme s’accélère, nous devons rester à l’affût des nouvelles tendances.

Je suis l’initiatrice de ce spectacle mais c’est à 3 que l’on partage ce premier enfant, avec Jane Fournier, chorégraphe et interprète, et Cédric Froin compositeur et musicien.

 

 

La Cie Ribambelle, qui se cache derrière ce joli nom ?

La Ribambelle existe depuis 1997. Le directeur artistique est Mouss Zouheyri, comédien et metteur en scène. Les spectacles représentés étaient du théâtre ou théâtre ponctué de musique en collaboration avec des compositeurs de la région. La Cie était  »en sommeil » depuis quelques années. Je l’ai donc relancée pour mes activités de danse. Du théâtre, de la musique, alors pourquoi pas ajouter un nouveau pan artistique à la compagnie !

 

En tant que chorégraphe et danseuse en Saône et Loire, es-tu satisfaite des opportunités offertes par le territoire ? 

Chalon-Sur-Saône regorge de lieux propices à la création : le CNAREP, la Péniche, l’Espace des Arts, le Réservoir, le Conservatoire, le Grain de Sel, La Méandre. Trouver des soutiens financier alors que je n’ai aucune renommée c’est compliqué. C’est normal, personne ne connaît encore mon travail pour émettre un avis dessus. J’ai cependant reçu mes premières aides en faisant parti du dispositif « Coup de pouce » de l’Espace Jeunesse de Chalon et du CLAP : Comité Local d’Aide aux Projet de Bourgogne Franche-Comté.

 

 

Aujourd’hui, il est difficile de faire valoir son projet artistique sans être un bon communiquant, ressens-tu ces difficultés au sein de ta compagnie de danse ? 

Lorsque j’étais à Paris on m’a renommé Zébulon. J’ai envie de tout faire, tout entreprendre pour que mon projet aboutisse. Ces derniers mois je m’assagis (ahah), je suis curieuse, j’apprends et je développe de jours à jour une manière propre pour fonctionner afin de donner de la visibilité à ce spectacle. Dans la pièce, je parle de mise en valeur des vêtements, et bien c’est la même chose pour SPRINT en tant que produit. Je ne suis pas que jeune chorégraphe, je suis jeune entrepreneure (j’aime pas ce mot, il sonne hyper froidement d’ailleurs). J’essaye de faire un maximum sans délaisser le plus important, l’artistique. Pour l’administratif de la compagnie, seule c’est difficile aussi, mais c’est chouette d’évoluer dans un collectif où les acteurs sont nombreux et à qui, lors d’un repas je peux poser des questions entre le plat de lasagnes et la mousse au chocolat !

 

Quelles sont les prochaines étapes de SPRINT ?

Je continue à chercher des soutiens ! J’ai lancé une cagnotte d’appel à don LEETCHI pour m’aider à obtenir du matériel de diffusion de son, terminer la fabrication du décor, créer des costumes… Cette semaine on se retrouve avec Jane au CNAREP de Chalon et Cédric à distance dans son studio son. Une étape de création sera présentée. Je ne suis pas encore très douée en com’ mais je communiquerai au mieux !

 

 

Si vous aimez ce projet, on vous invite à aider Zaïna à continuer de le mettre sur pieds en participant à sa cagnotte participative par ici :  https://bit.ly/2BV8xOw

 

La vidéo est réalisée par Émily Léveillé ; les interprètes sont Zaïna Zouheyri et Jane Fournier ; le son est de cédric Froin.

Crédit Photo : Pierre Acobas