Après deux mois de confinement, on avait comme une envie de se dégourdir les jambes. Et même si le monde d’après c’était mieux avant, il y avait tout pour penser que l’heure revenait aux plaisirs simples d’une meilleure compréhension des lieux que nous habitons, comme de ceux que nous visitons.

D’aucuns appellent cela le slow-tourisme, en tous cas, le Centre Archéologique de Bibracte, dans le cadre de l’exposition temporaire Portrait de territoire, a misé sur des pratiques autres dans son fonctionnement (virus oblige), mais aussi dans sa communication et a sollicité notre partenariat, pour mettre l’accent, différemment qu’à l’accoutumée, sur cet espace si particulier qu’est le Pays du Beuvray.

Nous, ce qu’on sait faire (un peu) et ce qu’on aime (beaucoup) c’est partir à la rencontre des habitantes et habitants, celles et ceux qui font vivre les lieux. Armés de patience, d’une caméra, d’un micro, nous nous sommes postés en terrasse, au carrefour de l’animation de Glux-en-Glenne, persuadés que nous allions faire les rencontres qui comptent, de celles qui nourrissent et en amènent d’autres.
De fil en aiguille, de chemins en maisons, nous avons collecté une série de témoignages aiguisés, amusés, parfois désabusés mais toujours sensibles.

Des interviews TicTac, dans un Morvan multiple et unique, bien gardé mais paradoxalement en attente.
Il en résulte une série de 6 vidéos pour un portrait kaléidoscopique à la fois si loin et si proche.
Cette forme donne à voir, par éclats, ce qui ne s’expose pas facilement. Les petits faits qui font les histoires des vies d’ici et qui se mêlent aux ancêtres emblématiques, la culture locale qui fait mémoire, ou qu’on met en décoration sans trop savoir, la science qui explique mais aussi qui complique… ODIL considère qu’un territoire ne se livre pas comme un slogan, ne se lit pas comme un livre ouvert, mais résiste aux interprétations trop rapides et réductrices. Et c’est par là qu’il se régénère. Des liens subtils et invisibles entre les gens et les lieux émergent sans prévenir au détour des questions qui n’ont l’air de rien. Le lieu habité se réfléchit par les effets miroirs des rencontres et se colore par les personnalités en présence. Sans le savoir les uns répondent aux autres ou les contredisent, les mots des enfants éclairent ceux des adultes sans concession, l’humour de l’épicière rend plus légère la résignation du client habitué…

Le kaléidoscope est imprévisible et change à chaque mouvement, laissant place à ce qu’on n’attend pas. Et parfois, mais il faut prendre le temps car c’est délicat, on aperçoit demain en écoutant avec soin.