Un écomusée est un miroir où cette population se regarde, pour s’y reconnaître, où elle cherche l’explication du territoire auquel elle est attachée, jointe à celle des populations qui l’y ont précédée, dans la discontinuité ou la continuité des générations. Un miroir que cette population tend à ses hôtes, pour s’en faire mieux comprendre, dans le respect de son travail, de ses comportements, de son intimité. »

Geaorge Henri Rivière, fondateur de l’Écomusée Le Creusot/Montceau* – définition de l’écomusée lors du Colloque du Creusot le 13 janvier 1976


Quel écolier.ère montcellien.ne n’a pas fait un saut dans le passé en s’asseyant derrière une vieille table en bois du Musée de l’École pour y tester l’écriture à la plume et écouter les histoires d’instituteur.ice.s sévères dans la salle de classe de 1882 re-constitutuée ?
Le Musée de l’École, antenne de l’Écomusée*, c’est d’abord un lieu symbolique, créé sur les bases d’une école construite en 1882, classée monument historique en 1996.
L’association La Maison d’Ecole y réside et organise toute l’année des conférences, visites et expositions sur le sujet de l’école, témoin clé d’une histoire politique locale ! Sur leur site, un travail d’archive et de vulgarisation impressionnant alimente des articles réguliers. Derrière ces lignes se cache Patrick Pluchot, président de l’association.
On avait prévu de le rencontrer pour l’interviewer, mais on ne va pas s’empêcher de le faire parce qu’on est enfermé !
On discute avec lui du rôle de l’école dans l’histoire !


Le Maître et ses élèves vers 1900 (Canope)



L’école est un témoin clé de l’Histoire, et le Musée de l’école, c’est un peu comme une figure locale du Bassin Minier ! Que pouvez-vous nous dire sur lui ?

Notre musée occupe actuellement la première école publique de garçons construite à Montceau-les-Mines : l’école du Centre, actuelle école Jean Jaurès. Elle fut construite entre 1878 et 1881. Elle est issue d’une volonté politique propre à la municipalité radicale du Docteur Jeannin d’une part, mais aussi d’une dynamique républicaine insufflée par Jules Ferry qui va favoriser l’implantation sur le territoire français de 75 000 établissements qui lui sont semblables. C’est la volonté ministérielle qui va en définir le contenu, les méthodes, les objectifs d’enseignement, ainsi que la formation de ses maîtres. Sa jumelle, l’école de filles de la rue Centrale, actuelle rue Carnot, ouvrira ses portes en 1882. Elle se situait à l’angle de la rue Eugène Pottier et de la rue Centrale, elle fut rasée en 1974 puis remplacée par une banque, cruelle destinée de l’éducation remplacée par la finance…

Les forces économiques, sociales, politiques de la nation ont donc présidées à l’éclosion et à l’implantation à marche forcée de l’Ecole de la République.
De fait, Le musée de la Maison d’Ecole s’est donné pour tâche depuis plus de 45 ans, l’étude monographique de l’école publique à Montceau et plus largement en France. On est en droit, dès lors, de s’interroger sur la légitimité et la place que tient cette étude  dans la recherche en histoire de l’éducation. Pour couper court à cette interrogation, il fallut aux groupes de recherches qui se sont succédé prendre garde à ne pas être que le reflet microcosmique de l’histoire nationale mille fois répétée dans les lieux qui la composent, mais aussi d’éviter de ne s’ancrer que dans le seul contexte communal, à l’exclusion de tout autre, régional ou national.

L’exemple le plus significatif de notre démarche réside dans la présentation des salles (authentiques et non pas reconstituées, nous sommes dans un Monument historique) et l’analyse qu’en font nos guides lors des visites. Prenons l’exemple de la salle de classes 1881. Elle appelle à une réflexion objective sur le contexte de l’époque : l’héritage monarchique toujours présent, l’implantation de la toute jeune Troisième République dans une France majoritairement rurale et traditionnaliste. Le décor pédagogique, social et politique est ainsi planté pour pousser plus loin l’analyse et la configuration des lieux en porte témoignage :

La répartition des sexes se fait dans des écoles différentes, de part et d’autre d’un mur (comme les travées d’une église), le préau couvert est au centre du bâtiment, il remplit une fonction « propédeutique » (comme le porche d’une église), le potager  du maître induit, quant à lui, l’existence de « leçons de choses » afin d’élever le niveau de connaissances agricoles des petits élèves.

Dans la salle de classe, l’estrade et la chaise du maître dominent la population enfantine, c’est la rationalisation du lieu : l’Etat dominant les citoyens. Le tableau noir (couleur du sérieux, celle des soutanes et des habits du Tiers-Etats) où s’inscrivent la date et la maxime du jour, guide l’élève dans ses activités journalières. Au-dessus, les planches didactiques et l’horloge (il fallait impérativement apprendre cette heure industrielle si peu utile dans nos campagnes), à gauche l’armoire vitrée du compendium métrique unificateur, à droite la petite bibliothèque scolaire, aux livres austères recouverts de toile, noire elle aussi, au sommet de laquelle trônent le boulier et le globe terrestre.

Face à ce mur du savoir trois ou quatre rangs parallèles de pupitres. Aux élèves, par leur travail et leur application, de mériter leur place. Ainsi se justifie la cérémonie hebdomadaire de la proclamation publique des résultats : chacun sait ce qu’il vaut par son placement proche ou éloigné du maître. Le cancre se définit souvent par son extraordinaire stabilité spatiale, il ne bouge jamais du dernier rang, il est inapte à toute progression dans la classe et donc inapte à toute mobilité sociale ultérieure. Le bon élève bénéficie de la meilleure place, près des tableaux et des explications du maître.

Comment les élèves percevaient-ils subjectivement cette répartition autoritaire ? Quelles relations subtiles et durables reliaient les rangs du fond à ceux qui leur tournaient continuellement le dos ? C’est la réponse à ces questions d’ethnologue qui donne un réel sens à une muséographie authentique.


Salle de classe de l’école communale 1900 de Montrol-Sénard (Haute-Vienne, France)



Historien, écrivain, archiviste, commet décririez-vous votre travail ? 

La gestion d’un musée comme le nôtre, si modeste soit-il, passe par le travail d’une équipe au sein de laquelle les compétences de chacun sont exploitées. Le statut d’écomusée qui fut le nôtre dès la création de la structure en 1974 nous imposa une mission bien définie : collecte, archivage, étude et restitution muséographique. La vision éco muséale qui anima les fondateurs et les participants aux groupes de travail relevait plus de l’ethnologie scolaire que de la restitution apologétique d’une école qui aurait eu toutes les vertus du « moi, de mon temps », sans faire l’analyse critique nécessaire à la lecture de l’école d’aujourd’hui.

Notre musée est né avec l’Ecomusée Le Creusot/Montceau. Notre préoccupation première d’antenne d’écomusée fut de mettre en lien des collections, un milieu social, un environnement et de valoriser l’ensemble de la culture et du patrimoine inhérents à un territoire. La mission qui nous fut assignée était d’offrir au public une approche concrète et palpable d’objets ou d’événements qui ont fait évoluer ou qui ont bouleversé l’école et ce, à travers un patrimoine et une histoire locale. Après tout, la « petite histoire » ne peut-elle pas donner aux plus jeunes le goût de la « grande histoire » ?

Patrick Pluchot, sur le rôle du Musée de l’École


Travaillez-vous avec d’autres structures locales ? Associations, municipalités ? 

Au fil des années, nous avons tissé de nombreux partenariats occasionnels ou permanents. Des partenariats culturels bien sûr : avec les associations et les musées locaux ( la Mère en Gueule, Golmus, la Physiophile, le Musée de la Mine, le Ciné Caméra Club de Montceau, le Souvenir Français…).

Des partenariats plus institutionnels aussi : avec le Musée National de l’Education de Rouen (notre tuteur en quelque sorte), l’Education Nationale (nos actions en direction des scolaires sont relayées par l’Inspection académique), avec la ville de Montceau, notre commune mère, propriétaire de notre bâtiment qui assure la logistique et une partie du financement de l’association, avec les communes du Bassin minier qui nous subventionnent et soutiennent nos initiatives,  avec le service écomusée de la Communauté Urbaine, propriétaire en partie de notre collection (ce qui nous confère le titre tant convoité de Musée de France).

On doit citer, évidemment, des partenariats liés à l’école d’aujourd’hui, auxquels nous sommes très attachés : les DDEN (Délégués Départementaux de l’Education Nationale), l’AMOPA (Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques).

Nos animations et programmations (ateliers, conférences, prêts de matériel, prêts d’expositions temporaires, interventions spécifiques sur demande) sont largement ouvertes aux structures municipales locales, voire départementales.


Vous avez beaucoup écrit sur les écoles polonaises, et récemment on pouvait visiter toute une expo au Musée de l’École sur le sujet. 
Lorsque les polonais sont arrivés à Montceau pour les mines, l’école n’a pas été une priorité tout de suite, notamment parce que ces derniers étaient censé rester temporairement en France !
Mais cela a vite été un problème, surtout avec la récente laïcité de l’École instaurée par la République ! L’école, c’est donc aussi des enjeux politiques? 

Assurément. L’école de la Troisième République (l’école de Jules Ferry) trouve ses origines dans la volonté des républicains d’éduquer les citoyens. Dès la proclamation du 4 septembre 1870, des divergences existent entre Bonapartistes et Républicains et, pendant de longues années, l’Assemblée demeurera monarchiste (n’oublions pas que la République qui vient de naître est fragile : le 30 janvier 1875, l’amendement Wallon permet à une voix de majorité de faire passer le régime de la république de fait à la république de droit).  Cet état de fait contribue à expliquer les hésitations de l’Assemblée nationale, qui mettra neuf ans, de 1870 à 1879, pour renoncer à la royauté et proposer une troisième constitution républicaine.

Pour les Républicains, la nationalisation du peuple est un outil patriotique d’unification et c’est surtout un moyen d’implanter, sur le plan social, l’idéologie de la bourgeoisie républicaine. La victoire de ces derniers aux élections et l’arrivée de Jules Grévy à la présidence de la République en 1879 marquent un tournant. Les années 1880 verront l’adoption des lois scolaires instituant une école laïque, gratuite et obligatoire qui devient de fait un service public.

On compte désormais sur cette école pour faire progresser le sentiment national qui nous a tant manqué durant la guerre de 70 et dont l’absence nous a coûté la défaite et la perte de l’Alsace et de la Lorraine. La mission de l’école de la République se déclinera désormais autour de trois axes : le développement du patriotisme : l’armée c’est la Nation, d’ailleurs, la plupart des manuels de lecture de l’époque sont imprégnés de cette « religion du devoir » ; le rationalisme : aucune pédagogie d’équipe, ignorance des réalisations collectives, comme le citoyen est face au pouvoir, l’élève est face au maître qui trône derrière son bureau surélevé ; la centralisation : uniformité de l’administration, des programmes, lutte contre les patois, instauration et extension du système légal des poids et mesures. Il va sans dire que cette centralisation sera pour longtemps un obstacle à tourte réforme, à toute innovation.

En cette fin de 19ème siècle, on peut dire que l’école devient un outil aux mains du pouvoir politique. La République doit s’implanter dans une France morcelée traditionnellement monarchique et elle entend bien développer une réelle conscience nationale à travers l’éducation. Trente mille Maisons d’école (souvent Mairie-école) sont construites entre le 1er juin 1878 et le 20 juin 1885 pour 448 millions de francs et Jules Ferry dira en 1882 : « Le ministère de l’Instruction Publique est devenu une véritable usine dans laquelle on fabrique des écoles. Il crée en moyenne 3 écoles ou classes par jour. Nous faisons des écoles aussi rapidement que le boulanger fabrique son pain ». En 1881, la première école publique de Montceau face aux écoles de la Mine (notre actuel musée) verra le jour grâce à ces fonds, et grâce aussi à la volonté de la nouvelle municipalité républicaine montcellienne du docteur Jeannin, élu le 6 janvier 1878. On peut parler d’enjeu politique… 

Les Gautherets – École des filles – années 1920
Les Gautherets – l’École polonaise des garçons – années 1920


Au début il y avait les polonais et les italiens, puis les portugais et les espagnols, les algériens dans les années 1960, et aujourd’hui, ce sont les turques, les albanais, les syriens, les afghans, etc. L’histoire du Bassin Minier est nourrie de ces vagues migratoires !
L’école est-elle le lieu idéal pour apprendre à vivre avec l’autre dans ces circonstances ?

Aujourd’hui, ne pas connaître la langue française est un critère d’exclusion totale : comment faire pour permettre l’intégration tout en n’occultant pas la culture de l’autre ?

À l’évidence oui l’école est le lieu adéquat … mais. Comme nous l’avons vu précédemment, dès l’origine, la République a assigné à l’école la tâche d’unifier la Nation. On doit admettre qu’elle avait réussi jusqu’à présent, dans une large mesure, dans l’intégration des vagues successives d’immigration, notamment polonaise puisque c’est le sujet du Centenaire de leur arrivée. Elle avait de même réussi à surmonter tant bien que mal les fractures politico-religieuses (entre les tenants de l’ancien régime et les laïques) et ce grâce à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat.

La situation actuelle à laquelle l’école est confrontée semble plus difficile. On dit que la différence de culture des populations récemment immigrées serait plus importante qu’autrefois. Les immigrés de toutes origines se montrent le  plus souvent capables de s’intégrer de façon très efficace, principalement grâce à l’école et à l’apprentissage de la langue et du vivre ensemble. L’école doit rester en dehors du débat ouvert par certains sur la question de savoir si les immigrés peuvent s’intégrer en conservant leur religion, ce n’est pas son problème, l’école est laïque et, comme l’Etat, ne reconnaît aucune religion ni communautarisme.

La mise en place des ELCO (Enseignements des Langues et Cultures d’Origine) devenus EILE (Enseignements Internationaux de Langues Etrangères) dans les écoles publiques, sous contrôle des autorités académiques ont contribués à l’élaboration et la mise en œuvre d’une pédagogie de la réussite qui a pris en compte le vécu  familial et culturel des élèves, leurs acquis, leurs motivations, leurs capacités d’apprentissage, de vie en groupe, de créativité ; avec une place prépondérante donnée au dialogue et à l’écoute et surtout avec la conviction effective que la reconnaissance de la diversité est compatible avec les exigences d’un humanisme républicain.

A l’évidence oui l’école est le lieu adéquat… mais dans un cadre ou la laïcité prend tout son sens.

Patrick Pluchot, sur l’École et la laïcité




Comment apprendre du passé sans y rester bloqué ?

Cette question est complexe mais cruciale. Notre musée peut donner l’image d’un passé à jamais enfoui dans la mémoire des derniers qui l’ont connu et c’est une émotion par laquelle il faut passer pour pouvoir la « dépasser ». La lecture du passé est souvent nostalgique et les anciens « écoliers d’autrefois » qui visitent le musée magnifient leur école qui avait toutes les vertus de la rigueur et de la discipline sans en avoir les défauts. Ils ont le souvenir d’un paradis qu’ils auraient quitté mais n’ont pas le souvenir de l’enfer qu’ils ont pu y vivre quelquefois, la mémoire est ainsi faite. « La nostalgie est un poison » disait Xingjang dans « La Montagne de l’âme », surtout quand la nostalgie rejoint l’apologie et nie tout esprit d’analyse objective.

En ce qui concerne le musée de la Maison d’Ecole, le fait d’être un musée de l’école greffé sur une école encore en activité n’a lieu qu’à Montceau-les-Mines, c’est un signe. Le visiteur est ainsi averti : notre but n’est pas d’apporter un témoignage au premier degré d’une histoire de l’enseignement comme dans un musée mort.

La conception muséographique en trois périodes permet aux guides que nous sommes d’expliquer les mutations pédagogiques, sociales ou politiques qui ont présider au passage de l’une à l’autre. L’histoire de l’école n’est pas figée, l’école d’aujourd’hui est la fille de l’école d’hier, avec toutes ses réussites et tous ses échecs.

Patrick Pluchot, sur comment apprendre du passé sans y rester bloqué


On doit s’interroger à toutes les étapes de l’évolution pédagogique sur les décisions qui furent prises et en analyser le sens en tenant compte du contexte de chaque époque : ont-ils eu raison ? Ont-ils eu tort ? Deux interrogations en un sens fécondes et en tous cas préférables à une nostalgie reposant sur une illusion rétrospective d’une école parfaite.

Pour clore le sujet, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager la pensée d’Antoine Prost sur ce qu’est le musée de la Maison d’Ecole à Montceau-les-Mines. Antoine Prost fut un des membres fondateurs du premier groupe de travail du musée et participa à la rédaction de notre première production « Cent ans d’Ecole ». Grand officier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre National du Mérite, Commandeur de l’Ordre des Palmes Académique, Antoine Prost collabora aux politiques de l’éducation et fut Président du Conseil scientifique du Centenaire 14/18. Voici ce qu’il écrivit en préface de notre livre « La Rédaction » en 2009 :

Il y a deux usages des musées scolaires. Le premier est nostalgique ; il cultive l’émotion de retrouver un passé à jamais disparu, que le cours du temps pare de charmes parfois ignorés des contemporains.
Il invite à s’étonner, ou à admirer des objets rares, des images surannées, voire à revivre son enfance : et voici que pour un peu, la grisailles des jours ordinaires se transformerait en ce que Baudelaire appelait le vert paradis des amours enfantines. Le second usage du musée scolaire est éducatif : les objets qu’il montre sont traités comme des messages à déchiffrer, des problèmes à résoudre. (..)

Antoine PROST, Professeur émérite, Université Paris I


La tâche n’était pas simple et il fallait aux amis de la Maison d’Ecole de Montceau-les-Mines une certaine audace pour l’entreprendre et la mener à bien. Ils l’ont fait, je crois, par fidélité tenace à leur vocation pédagogique  et aux traditions de l’école républicaine. Laisser dormir ces trésors sans les exploiter eût été consternant : plus qu’une négligence, une sorte d’infidélité, voire de trahison. 

Vue d’une salle de l’École en 1890



Quels sont les projets à venir du Musée de l’École ?

Fin 2019 a eu lieu la 25ème assemblée générale de notre association mais aussi le 45ème anniversaire de la création du premier groupe de travail de la Maison d’Ecole qui correspond sensiblement à la création de l’écomusée Le Creusot/Montceau. 2020 verra la fin du cycle des commémorations du Centenaire de la Grande Guerre, auquel nous avons activement participé et la fin de notre troisième exposition labellisée « Mômes et Instits du Centenaire : 1918, l’espoir d’une paix universelle ! Période 1918-1939 ».

Après cette période d’intenses activités, nous pensions qu’à partir de janvier 2020, nous pourrions revenir au classement et à la préservation de nos archives, travail que nous avions quelque peu délaissé. C’était sans compter sur le Centenaire de l’arrivée des premiers migrants polonais à Montceau et dans le Bassin minier. Comment ne pas nous sentir concernés alors que l’école fut partie prenante dans l’éducation des petits polonais. Nous avons donc produit deux expositions « Les écoles spéciales polonaises en France » et « Les écoles spéciales polonaises à Montceau et dans le Bassin minier » qu’il nous faut faire vivre jusqu’en juin. Ces expositions rejoindront les villes qui en ont d’ores et déjà fait la demande (Saint-Vallier et Saint-Etienne).

Nous organiseront aussi cette année le prêt de deux autres expositions temporaires, l’exposition « Dulac » (architecte bâtisseur de notre bâtiment) et l’exposition « Moutardier » (sur le thème de l’école aux tranchées). Nous devions participer à la Nuit des Musées en ouvrant l’accès limité à nos archives « secrètes » mais qu’en sera-t-il le 16 mai ? Reste notre participation aux Journées Internationales du Patrimoine en septembre, le forum des associations, les ouvertures mensuelles, l’accueil régulier des scolaires et du grand public.

La décision a été prise de transférer nos archives dans le bâtiment jouxtant le musée, au 35 rue Jean Jaurès (actuelle Inspection de l’Education nationale), à la rentrée 2021. L’unité patrimoniale que constitue le musée de la Maison d’Ecole sera donc préservée du fait de la proximité de notre réserve et le travail entrepris depuis 45 ans par l’équipe originelle sera pérennisé et continué dans les meilleures conditions. L’accessibilité de nos archives à tous et notamment aux chercheurs, notre travail de recherche et de restitution n’en sera que plus facile.

L’année 2020 sera une année de transition durant laquelle il nous faudra préparer le transfert de nos collections qui représentent quelques centaines de mètres de linéaires et une forte proportion d’éléments non-inventoriés. Ce sera l’occasion d’un récolement d’envergure nécessaire au classement de nos richesses. Qui dit archivage dit matériel de rangement, boîtes, meubles et classeurs de préservation. Matériel qui engagera un financement de plus de 10 000 euros, effort indispensable.

Enfin, si la consultation concrète des documents originaux ou des objets reste primordiale, n’oublions pas la consultation virtuelle et la richesse de notre tout jeune blog : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/ qui a passé les 100 000 visiteurs il y a peu. 

Vous me permettrez, en guise de conclusion, d’adresser mes remerciements à l’équipe qui fait vivre ces lieux, ce groupe de travail qui mériterait d’être étoffé mais qui remplit toujours sa mission bien au-delà de ce qu’il est possible de faire. La tâche des bénévoles est importante : collecte, classement, rangement minutieux des archives, heures de recherches et de mise en forme de la muséographie, accueil du public, toutes ces actions qui concourent à la préservation, la mise en valeur des collections, à la transmission de l’histoire de notre Institution aux jeunes générations et au grand public. D’aucun pourrait penser que tout cela est bien futile mais détrompez-vous car cet engagement est fondamental et participe à l’éducation des futurs citoyens que nous recevons en visite.

Alors, à l’aube de cette année 2020, je souhaite le meilleur pour notre musée de la Maison d’Ecole et espère que toutes les évolutions qui se profilent se feront dans le respect de l’esprit de nos fondateurs : la transmission des valeurs de l’école de la République d’hier comme d’aujourd’hui.

Les pupitres jusqu’en 1950


Maëlle Ghulam Nabi

*Écomusée Creusot-Montceau : Musée du patrimoine local, service de la Communauté Urbaine le Creusot Montceau. Leur site ici.

* Pour lire les articles de Patrick Pluchot, c’est par !


Illustration : Image issue du film Les 400 Coups, Truffaut, 1950