Le 8 mars, c’est la Journée Internationale des Droits des Femmes
Mais de quoi parle-t-on exactement ? Est-ce comme la Fête des Mères ? La Saint-Valentin ? Une opération commerciale ?
Doit-on se comporter de telle ou telle manière avec les femmes, leur offrir des roses et prendre soin de leur ouvrir la porte ?
Inscrite dans notre calendrier, c’est un rituel annuel dont on oublie parfois le sens et la provenance.
On oublie qu’elle a une utilité, une nécessité et qu’elle n’est pas simplement instituée de fait.
Alors c’est quoi, cette journée ?

Ce que nous dit l’Histoire !

« D’abord un, puis douze, puis cent, mille, des millions »

Clara Zetkins parle de la croissance du mouvement socialiste féministe lors de son discours à Copenhague en 1910


Clara Zetkins*, c’est LE nom qu’il faut retenir pour comprendre les origines de cette journée si particulière. Femme politique et journaliste allemande, c’est elle qui propose de créer une Journée des Femmes en 1910, lors de la Conférence Internationale des Femmes Socialistes à Copenhague.
Une initiative portée par le parti socialiste au sein duquel Clara Zetkins impulse à cette époque une nouvelle ligne politique : la situation des femmes !

À l’époque, elle se bat pour le droit de vote, le divorce, l’égalité des droits dans les couples notamment. Elle est considérée comme une « théoricienne du féminisme prolétarien », suite au rapport qu’elle propose sur la situation des travailleuses sous le capitalisme en juillet 1889 à Paris, pour la préparation au Congrès Ouvrier International.

Lors de la Conférence Internationale des Femmes Socialistes, une centaine de femmes qui viennent de 17 pays différents répondent présentes. La perspective de cette mobilisation annuelle est clairement révolutionnaire.
La première a donc lieu l’année suivante, le 8 mars 1911, elle devient une tradition mondiale après la guerre 1939-1945 et est officialisée en France en 1982.


Photographie du VIIIe Congrès de l’Internationale Socialiste – Copenhague, 1910 – Clara Zetkin au centre, qui tient la main d’Alexandra Kollontaï (millitante féministe soviétique)

Une mobilisation nécessaire

Pour Clara Zetkins, c’était le droit de vote, l’égalité des sexes dans les tâches ménagères, l’indépendance de la femme par l’accès au travail et celle, juridique, au sein du couple.
Le droit de vote pour les femmes est obtenu en 1918 dans son pays, en 1944 en France…
Pourquoi depuis cette époque, une mobilisation est encore nécessaire ?

Les revendications sont multiples ! Elles sont la réponse au constat des discriminations liées au genre dans la société.
*Tous les exemples sont référencés à la fin de l’article, en page 2.

D’un point de vue professionnel et économique, les revendications se situent autour des inégalités salariales (en équivalent temps plein, les femmes touchent 18,5 % de moins que les hommes, selon l’Insee), d’un manque d’accès à toutes les familles de métiers (voir notre article sur le sujet), de contrats précaires majoritairement donnés aux femmes, de discrimination à l’entretien d’embauche.

Le mouvement permet aussi de faire face au constat des violences faites aux femmes, dans la rue et en privé. 149 féminicides sont comptés en 2019 en France, toutes les femmes ont fait l’expérience du harcèlement de rue.
Le phénomène se révèle amplifié à chaque fois qu’un espace de libération de la parole est permis, notamment par le biais des réseaux sociaux, comme #MeToo, un mouvement planétaire et particulièrement significatif.
Une nouvelle enquête du Collectif #NousToutes révèle des chiffres effarants sur le consentement sexuel dans le couple. En effet sur 109000 réponses, « 70 % des femmes déclarent avoir eu des rapports sexuels alors qu’elles n’en n’avaient pas envie, sous pression du partenaire »

La Journée des Droits des Femmes, c’est aussi pour parler de charge mentale, de charge contraceptive, des tabous sur la sexualités, de la fin des stéréotypes genrés, etc.
Autant de phénomènes qui prouve que des inégalités femmes-hommes sont profondément inscrites dans notre société.

L’association « Osez le féminisme ! » recense toutes ces revendications sur son site « Osez l’égalité ! »
Elle les divise en 7 catégories : « Pour une meilleure articulation des temps de vie », « Pour qu’aucune femme ne soit plus victime de violences masculines », « Pour la fin des violences économiques », « Pour une politique féministe », « Pour la fin des stéréotypes genrés », « Pour une meilleure représentation des femmes en politique », « Pour le droit à disposer de son corps ».

Le rendez-vous annuel du 8 mars permet de se retrouver parmi cette masse informative, de faire un bilan, un point afin d’y voir plus clair !

À Montceau-les-Mines, ils.elles se mobilisent !


Six rendez-vous sont jusque-là annoncés sur la ville !

  • « Soyons les grandes gagnantes tou.te.s dans la rue « , initié par Femmes Solidaires* – Samedi 7 Mars, Place de la Mairie, 10H – En compagnie des syndicats CGT, FSU, Lutte Ouvrière et Solidaires71.
    Un rassemblement et un débat ouvert qui traitera notamment de la façon dont les femmes sont touchées par la Réforme des retraites, de sanctionner les employeurs qui n’appliquent pas l’égalité salariale, la lutte contre la précarité et les temps partiels, la revalorisation des métiers à prédominance féminine, prévenir les violences sexistes et sexuelles, en protéger les victimes puis discuter des droits à la paternité et à la maternité.
  • Exposition « Notre Matrimoine » – du 6 au 11 Mars, Médiathèque de Montceau-les-Mines puis dans le hall de l’Embarcadère du 6 au 15 Mars
    Mathématiciennes, écrivaines, autrices, musiciennes, féministes, des portraits de femmes peu ou pas mentionnées dans nos livres scolaires !
  • Inauguration de l’allée Simone Veil* – Dimanche 8 mars, 11h30, le long du canal, à côté de la Capitainerie
  • Soirée de Sensibilisation à l’Égalité des Sexes – Vendredi 6 Mars au Night Club 18H Pétante
    Le propriétaire Mourad Adraoui reversera mes bénéfices de cette soirée à Femmes Solidaires*, qui lui prête à cette occasion l’Exposition  » Violences, elles disent non ! «  : Un ensemble de témoignages et de références à la loi concernant les violences conjugales, les mariages forcés, les viols et agressions sexuelles, la prostitution notamment.
    Un lieu inattendu pour ce type d’action mais qui peut faire sens dans la mesure où le harcèlement sexuel est prédominant dans les boites de nuit. *
  • Soirée « Entre Femmes » – Dimanche 8 Mars, permanence Aimer Montceau
    À l’occasion de la campagne municipale la liste Aimer Montceau de la maire sortante Marie-Claude jarrot ouvre le débat sur l’égalité femmes-hommes et fait le bilan de leur activité sur la question, notamment pour parler des réseaux VIF*
  • Le Salon des Supers Nanas –  Samedi 7 Mars de 14H à 22H et Dimanche 8 mars de 10H à 18H, Hotel/Restaurant Le Konine 
    Les femmes entrepreneures du Bassin Minier se réunissent pour mettre en avant leur savoir-faire.

Marie Curie, physicienne et chimiste, un des 30 portraits de l’exposition « Notre Matrimoine » présentée par Femmes Solidaires à Montceau-les-Mines

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Le Salon des Supers Nanas – Le super-pouvoir du bassin minier !

Affiche choisie par les Supers Nanas pour présenter leur salon

« Les supers nanas ». Une appellation qui ne laisse pas indifférent.e !
J’ai voulu savoir ce qu’était leur super-pouvoir et pourquoi elles avaient choisi la non-mixité ! Pour la Journée des Droits des Femmes, elles organisent un salon afin d’exposer les compétences des entrepreneures du territoire, suite au succès de leur première tentative en 2019 !
Elles sont quatre à driver le projet, Stéphanie Vaillant*, Carole Baba, Florence Perrin et Sandra Deléglise.
Pourquoi faire un salon sur l’entreprenariat du Bassin Minier en ce jour si symbolique ?

Elles sont toutes amies, et c’est d’ailleurs par là qu’a commencé l’aventure. Des copines talentueuses qui se rassemblent en privé. Leur super-pouvoir : le dynamisme ! disent-elles en coeur.
le succès de l’initiative est tel que cette année, elles ne peuvent plus accueillir de nouvelles participantes !
Clairement, la demande était là, et ces quatre super-héroïnes ont mis le doigt sur un besoin local !
Photographie, bien-être, déco, mode, oenologie, plusieurs champs de métiers y sont représentés.
Ce sont, pour beaucoup, des métiers que l’on associe très souvent aux femmes. [voir notre article sur le sujet]
Avec des étoiles dans les yeux elles me font un bilan de l’année précédente. Le but de ce salon n’est pas d’ordre financier, ça me semble clair ! « C’est avant tout un moment à partager, un endroit où les gens se sentent bien »
Pour elles, il est nécessaire de faire barrage à la peur de faire les choses dans le Bassin Minier, « C’est morose ici, on dirait que tout va mal ! ». Avec le salon, elles veulent prouver le contraire.

« Les messieurs ne sont pas interdits ! »
Une précision qui leur tient à coeur. Faire ce salon le Jour du Droit des Femmes, c’est un symbole pour montrer leur force, montrer qu’elles sont « capables ». Pour elles, s’il y’a un jour où elles pouvaient faire cette action, c’était celui-là.
Les bénéfices de la tombola organisée la journée sont destinés à l’association « Bien-être en oncologie », pour les femmes qui ont le cancer. L’année dernière, cela a permis l’achat d’un casque réfrigéré (qui évite ou retarde la chute de cheveux pendant le traitement.).
S’entourer de femmes, ce n’est cependant pas une nécessité selon elles.
Pour Florence qui est viticultrice, ça a un sens et un poids certain. Son métier est presque exclusivement masculin et se retrouver avec d’autres entrepreneures et créatrices du territoire, c’est être plus forte.
Je retiens que Carole, Stéphanie et Florence ont fait le choix d’agir en tant que femmes et avec des femmes. Que de leur réunion nait une source d’inspiration. Autant d’éléments clé pour pousser ces dernières vers le haut.

* Stéphanie Vaillant, est créatrice de sacs, d’accessoires de mode. Son blase, c’est « L’Atelier de Fanny » !
Carole Baba, elle, a une boutique de déco au centre ville, Tendances et Déco. Pour le salon qu’elles organisent, elle veut mettre en avant ses compétences de décoratrice d’intérieur.
Florence Perrin est viticultrice, elle s’occupe de dégustations de vin dans le mâconnais.
Et Sandra Deléglise vend des lunettes à domicile !



Cette journée permet de mettre en avant ces quelques actions au niveau local mais il serait réducteur de ne pas mentionner d’autres initiatives, dont le réseau VIF, Violences Intra-Familiale*, un partenariat entre institutions et associations qui permet de prendre en charge des femmes et enfants victimes de violences conjugales.
Mais également le Collectif Femmes en Colère* à l’initiative des femmes Gilets Jaunes, ou encore le CIDFF [Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles*], la Maison de la Parentalité, etc.
Il y a celles qui travaillent en sous-terrain pour les urgences, les situations graves qui nécessitent une discrétion afin de protéger les femmes victimes, puis il y a celles qui accueillent, expliquent, sensibilisent.

Sur le Bassin Minier, le 8 mars, les rendez-vous proposés sont importants, mais sont-ils suffisants ?