Je ne veux pas montrer, mais donner l’envie de voir

Agnès Varda, Scénario du film Sans toit ni loi.


Au programme du festival Docs en Goguette, du documentaire de qualité sur 12 communes rurales de Saône-et-Loire ! Le mot d’ordre : « aller à la rencontre des gens » !
Diffuser du documentaire n’est pas chose aisée. Parmi les programmations « grand public », on n’en aperçoit malheureusement de moins en moins.
Les associations Les films du Tilleul et Rencontres et Animations Rurales se sont associées pour proposer un espace de diffusion ainsi que des rencontres avec les fabricants de films autour de ce cinéma trop peu projeté !

Bande-annonce du film 1,2,3 Saisons réalisé par Jean-Michel Dury


Présentez-nous le projet ! 

Docs en goguette est un festival de cinéma documentaire en milieu rural, il est itinérant et transforme le temps d’une projection des lieux improbables en salles de cinéma (caserne des pompiers, cave de vignerons, salle municipales, maison de retraite, etc…). Ce festival a été créé en 2006 par l’association « Les films du Tilleul », à partir de 2007, il est co-organisé par l’Association “R.A.R“ de Genouilly.
Grâce au travail commun des deux structures (“R.A.R” et “Les films du tilleul ») le festival a connu un développement significatif. En 2018 Docs en Goguette a projeté 16 films documentaires dans 17 lieux sur 12 communes devant 1500 personnes (adultes et scolaires). L’idée est de faire en sorte que le documentaire aille à la rencontre des gens chez eux.

Un festival itinérant sur 11 communes ! Comment on gère ça ? Pourquoi c’est important pour vous de le faire au-delà d’une seule commune ?

Concrètement l’itinérance demande énormément de temps de montage, de démontage et de transport. Nous avons recours à deux professionnels qui se relaient pour assurer les opérations techniques, les projections et le transport du matériel. Ils sont secondés par une vingtaine de bénévoles qui se relaient afin de faire en sorte que les temps d’installations et de démontage ne soient pas trop longs. C’est un festival marathon. Les week end il y a plusieurs projections par jour donc plusieurs installations avec des projections sur un écran voir deux écrans comme à la cave coopérative de Saint-Gengoux-le-National. 
L’itinérance est dans les gênes de notre festival, nous sentions qu’il était nécéssaire si nous voulions faire découvrir le genre documentaire sur notre territoire d’aller au contact des populations pour cela il nous fallait projeter dans des lieux qui sont familiers aux habitants de notre territoire rural. C’est une manière de désacraliser le cinéma. Nous n’avons pas de statistiques mais nous constatons que des personnes viennent voir un film car il est diffusé dans leur commune alors qu’elle ne se déplacent pas aux autres projections. C’est un micro-événement local que les gens attendent. 

Comment se construit la programmation ? 

Une équipe de programmation oeuvre toute l’année elle est composée de 10 bénévoles. Chaque membre vient avec ses coups de coeurs cinématographiques et les proposent à la commission de programmation. Il y a visionnage puis débats. La sélection s’opère ensuite à mains levées. On estime à 80 films visionnés pour aboutir à la sélection d’une quinzaine de films. Nous n’avons pas de ligne éditoriale établie, il s’agit pour nous de montrer la grande diversité des films et des regards d’auteurs sur notre monde. 

Affiche du film l’Arbre sans fruit, réalisé par Aïcha El Hadj Macky en 2016, programmé lors du festival


Le documentaire, c’est souvent un genre méconnu, sous-estimé comparé à la fiction. Pourtant c’est un cinéma extrêmement riche et complexe ! Comment convaincre qu’il divertit autant qu’il instruit ? 

Notre festival à montré que le documentaire est un genre en évolution constante et  en renouvellement permanent. Les premières années ont été délicates mais aujourd’hui notre travail porte ses fruits et notre public exigeant attend de nous d’être transporté dans des univers riches et variés. 

Aujourd’hui c’est difficile pour les salles de cinéma de remplir, beaucoup ferment dans les petites villes (parfois pour ouvrir des multiplexes). Organiser un festival de cinéma, c’est un challenge ? 

Docs en goguette  est un festival de cinéma mais c’est aussi un temps qui permet la rencontre et le débat. Le fait de faire venir aux projections celles et ceux qui fabriquent les films donne un supplément d’âme et favorise l’interaction entre les gens. C’est un moment de convivialité qui se termine toujours par le verre de l’amitié. 

Affiche du film Grand et petit, réalisé par Camille Budin en 2018, programmé lors du festival
Affiche du film De Chatila nous partirons, réalisé par Antoine Laurent en 2017


En local, le réseau des acteurs de l’image, ça marche bien ? 

En fait je ne sais pas si vraiment il y a une dynamique locale, notre événement ne dure que 15 jours, alors oui durant le festival des liens se créent entre les faiseurs et le public mais ensuite pour le reste de l’année ça s’estompe forcément. Par contre il y a un intérêt pour le documentaire qui va grandissant et on peu penser que le genre documentaire, sur notre territoire, n’a plus la même image.

Tout le programme du festival : http://www.docsengoguette.com/programme.php