Les salariés des 21 résidences Habitat Jeunes de Bourgogne Franche-Comté font aujourd’hui face à l’épidémie de Covid-19 et à cette période de confinement, parfois dans des conditions très difficiles. Une partie des 5000 jeunes logés n’a effectivement pas eu d’autre possibilité que de rester confinés dans les résidences et notamment, les jeunes les plus fragiles et isolés.

Communiqué de presse du Réseau Habitat Jeunes Bourgogne Franche-Comté, 30 mars 2020


Le confinement, ce n’est pas une raison pour ne plus s’intéresser à l’autre.
« Enfermé.e », c’est un mot dont le sens est plus lourd chez certain.ne.s que chez d’autres.
Le sentiment d’oppression, de solitude, du manque de liberté, peut parfois être une conséquence de la situation.
Vous le savez, on ne vit pas tous cette période de manière identique.
Léo Charbonnier est animateur de vie collective au Foyer des Jeunes Travailleurs*, dans la Résidence Le Plessis à Montceau-les-Mines. Celle-ci accueille toute l’année salariée.e.s, étudiant.e.s, apprenti.e.s ou jeunes en formation entre 16 et 30 ans. Lui et son binôme Jean-Luc Picarat, animateur accompagnement individuel, continuent de travailler de manière adaptée afin de respecter les règles imposées pour l’anti-propagation du virus Covid-19. Ils témoignent de la situation qu’il vivent et nous communiquent le témoignage de Benjamin, l’un des habitants d’une chambre de la résidence.


Témoignage de Benjamin, résident du Foyer des Jeunes Travailleurs, relayé par Léo Charbonnier, animateur de vie collective au Foyer

Un résident du foyer des jeunes travailleurs de Montceau-les-Mines a accepté de se confier sur sa vie quotidienne lors de cette période de confinement.

Benjamin est âgé de 20 ans, il est exploitant dans une entreprise de transport à Montceau-les-Mines en alternance dans le cadre d’un BTS. Il est au chômage partiel depuis le 17 Mars au soir, il ne touchera donc que 85% de son salaire.
Les économies qu’il avait réussi à réaliser et qui étaient destinées à l’achat d’une nouvelle voiture serviront finalement à subvenir à ses besoins quotidiens lors de cette période de confinement.

Plutôt d’un tempérament casanier, Benjamin passe le temps comme il le peut en jouant en réseau avec ses amis aux jeux vidéo et en regardant la TV. Il sort de son studio seulement pour aller faire les courses une fois par semaine en cas de gros besoin.

Il tient à respecter scrupuleusement les règles du confinement car selon lui « nous sommes dans une situation sanitaire grave, mais je pars du principe que si on suit bien les consignes d’hygiène en restant chacun chez soi, tout devrait bien se terminer »

Il échange quotidiennement avec ses proches au téléphone pour prendre de leurs nouvelles et garder le contact même si pour lui la « solitude physique » commence à se faire sentir.

Benjamin s’est plutôt bien accommodé de la situation et prend son mal en patience, il profite aussi des horaires d’ouverture de la résidence pour discuter avec le personnel.

Cependant il se dit inquiet pour ses collèges conducteurs routiers et craint pour leur santé, car ils restent au contact permanent de la population lors de leur tournée.



Le regard de Jean-Luc Picarat, animateur accompagnement individuel au Foyer


Le foyer, nous dit Jean-Luc, c’est l’accueil de jeunes de moins de 30 ans qui sont en grande mobilité.
Cela peut être autant une jeune américaine qui vient étudier à Montceau comme une garantie jeune du Creusot qui travaille à Montceau.
La résidence est ouverte pour ceux qui sont en formationjeunes de moins de trente ans qui sont en grande majorité en mobilité : garantie jeune du creusot qui travaille à montceau.
C’est un accès au logement pour les jeunes qui débarquent sur la ville et ne peuvent pas trouver autre chose.

Il y a une bonne vingtaine de jeunes qui n’ont pas eu le choix que de rester dans le foyer. Certans vont au travail, notamment un apprenti mécanicien. D’autres font du télétravail et d’autres encore étudient en ligne.

Léo et Jean-Luc travaillent en binôme, le premier est chargé de l’accompagnement collectif, il travaille souvent en après-midi et soirées . Pendant cette période, il vient plutôt en journée, et c’est dans des bureaux séparés que les deux travaillent en se parlant à distance afin de continuer à travailler à deux.
Ils s’organisent avec Facebook et Whatsapp, Léo y propose des activités disponibles en ligne, comme par exemple, les visites virtuelles de musée !

L’idée, c’est de rester un contact, un repère, de continuer à les soutenir, à discuter.
L’accueil est toujours ouvert mais à des horaires légèrement réduites car les jeunes ont besoin de la laverie, de la connexion internet, de recevoir leur courriers. Une jeune continue ses cours à l’AFPA, elle les reçoit sur son téléphone mais a besoin de les imprimer.
Selon l’animateur, cela créé parfois des proximités, un brassage, des éléments qui peuvent l’inquiéter.

Jean-luc nous affirme aussi qu’ils sont là pour faire une veille sociale.
Vivre dans une chambre de 20m2, ce n’est pas simple et pour briser le sentiment de solitude, les deux animateurs tiennent à être présents.
Il insite beaucoup sur le fait que c’est difficile de tâter l’ambiance et de savoir si les choses se passent bien, car le manque de recul et l’action dans l’immédiat (les projets au long court sont suspendus) ne permettent pas de prendre conscience de l’ampleur du problème.
Rester une oreille attentive est la seule chose que Jean-Luc peut être pour le moment.


On n’a aucune expérience sur la situation, on n’est pas à l’abri qu’un des jeunes pète un câble, on ne peut pas voir venir les choses. On reste motivés ! Mais on affaire à des êtres humains…

Jean-Luc Picarat, animateur accompagnement collectif au Foyer des Jeunes Travailleurs à Montceau-les-Mines



Le Foyer des Jeunes Travailleurs de Montceau les Mines* : « Association loi 1901 à but non lucratif qui propose des solutions logement et un ensemble de services destinés à favoriser l’accès à l’emploi, à la santé, aux transports, aux loisirs, aux sports à la culture …
L’assocation est adhérente à l’UNHAJ (Union Nationale pour l’Habitat des Jeunes) et à l’URHAJ (Union Régionale pour l’Habitat des Jeunes). L’action socio-éducative de la Résidence est soutenue financièrement par les Villes de Montceau les Mines, Blanzy, Sanvignes, St Vallier, par la CAF (Caisses d’Allocations Familiales) de Saône et Loire, le Département de Saône et Loire, la Direction Départementale de la Cohésion Sociale. »

Illustration de l’article : Papier peint des années 70


Maëlle Ghulam Nabi