Avis à la population : il n’est pas recommandé d’embrasser vos ainé-e-s en cette période de pandémie. Contentez-vous de leur éternuer dessus et jetez-les. Puis consultez.
Ma gérontophobie latente aurait pu me tenir éloigné de ce projet musical juste à cause de son nom, mais j’ai décidé d’écouter en profondeur après avoir découvert sur mon fil d’actualité que le confinement était pour certains, l’occasion de balancer clip sur clip.
L’album de Bisous Mamie est dans les bacs numériques et vinyles depuis peu, du coup pan ! Rafale de questions à Arthur. Le bougre n’est pas causant causant, mais l’essentiel se trouve sûrement dans ces 11 nouveaux titres tubesques d’électro-garage.
Racontes-nous l’écriture et la production de cet album. Comment travailles-tu seul ? Quel matériel utilises-tu au milieu de cette permanente distorsion ? Dans quelles conditions enregistres-tu ?
Yoooooooooo !
J’ai enregistré « And A Happy New Year » pendant le confinement, dans ma chambre d’ado. À force de bidouiller des trucs sur mon ordinateur, j’ai fait une grosse connerie et j’ai supprimé tout mon set live, c’est un peu ça de travailler tout seul aussi. Mais l’avantage, c’est que tu peux prendre le temps d’essayer toutes sortes de sonorités. J’utilise pas mal le kalimba par exemple, mais c’est vrai que j’ai tendance à rajouter pas mal de disto parce que j’aime bien la disto.
Comment en es -tu venu à ce style de musique ? De quelle scène te sens-tu le plus proche, électro, punk, garage ? Quelle est celle qui t’accueille en concert ?
Bah je crois que j’avais besoin de faire de la musique de fête, avec des chenilles et des concours de limbo lors de mes concerts. Ça ne va pas forcément avec l’idée de faire du Rock’n roll, mais ça c’est fait comme ça, et curieusement ça marche. Je fais un peu du Patrick Sébastien pour punk à chien au final. Du coup je me retrouve pas mal à jouer dans les squats, ça ne paye pas du tout, mais c’est vraiment des belles fêtes à chaque fois.
Comment en es-tu venu à travailler seul ? Dur de faire un groupe ? Comment se persuader que ce que l’on produit est essentiel quand on est seul ?
Tout seul c’est génial, tu peux répéter quand tu veux, pas de prise de tête parce que le batteur flirt avec la chanteuse. Cela dit, je crois qu’il faut écouter beaucoup de musique pour que l’inspiration soit toujours présente. Ma musique est essentielle pour moi, c’est ça le principal, si les gens aiment tant mieux et si c’est pas le cas je m’en fiche un peu (non , en vrai ça me touche). Je bosse quand même pas mal avec Cédric, mon ingé son, lui même artiste, son regard m’aide beaucoup sur ce qui fonctionne ou non.
Qu’est-ce que t’apportes dans ton développement, le fait de faire partie d’un collectif comme la Méandre ?
C’est vraiment un bonheur quotidien de faire partie de ce collectif, j’arrive à 10h, je bois un café avec les potes, puis tout le monde va bosser dans son coin, c’est hyper motivant. On accueille aussi beaucoup de groupes, ça ouvre un réseau vraiment cool.
Tu as sorti beaucoup de clips durant le confinement. C’est l’occasion qui a fait le larron ou c’était un plan com défini ? Que représente l’image pour toi ? Un passage obligé pour n’importe quel artiste pour sa promo ou une extension de ton univers ?
J’ai vraiment vécu un super confinement, toutes les tournées ont été annulées, j’ai enfin eu du temps pour ce projet. Et j’avais du monde vraiment talentueux autour de moi. Sans ça, j’imaginais sortir 1 ou 2 clips lorsque l’album serait prêt. Quant à ma promo, pas mal de gens s’en fichent de Bisous Mamie, donc oui, c’est du plus.
Une sorte de cynisme semble s’échapper de ta musique ou ta façon de chanter. Es-tu désabusé ? Penses-tu faire partie d’une génération qui l’est ? Portes tu un engagement dans ta musique ou simplement dans le fait d’être artiste ?
Dans l’ensemble, je suis plutôt content de vivre, mais y a quand même deux, trois trucs qui m’énervent dans notre monde. Alors je les chante. Mais j’ai aussi des morceaux plus optimistes, par exemple j’ai un titre sur tous les trucs cool que tu peux faire quand tu es riche…
Tu participes à des nombreux projets artistiques, comment vois-tu l’avenir de la culture post-COVID ? La situation des intermittents ?
Avant d’arriver à voir quelque chose sur notre situation, il faudrait que le ministère de la culture se retire les doigts des fesses. Où alors qu’il laisse la place à des gens compétents. Nous sommes dans le flou total depuis le début de l’épidémie, beaucoup d’effets d’annonce mais rien de concret. On a une chance unique en France avec la culture et on laisse tranquillement pourrir ce truc, c’est simplement la honte quand on voit ce qu’il se passe dans d’autres pays.
Comment vois-tu la sortie de cet album dans la situation que l’on vit ? Comment vendre des disques si on ne joue pas ?
Haha. C’est vrai que c’est complètement bête de sortir un album maintenant. J’ai envoyé plein de CDs à des labels et organes de presse, histoire de devenir riche et célèbre et j’ai eu zéro réponse. Du coup en attendant une release party à la Méandre lorsqu’on aura le droit, j’ai posé mes vinyles chez Sympathy for the vinyl, le shop de Chaton sur Saône, j’en envoie aussi par la poste, ça part tranquillement mais ça part quand même !
Quels sont tes projets ?
Moins travailler cette année ! Mais franchement ce n’est pas simple. J’ai la chance d’avoir Avion Papier, un spectacle qui tourne beaucoup. Je suis quand même un peu deg parce que j’avais pas mal de dates avec Bisous Mamie, quasiment toutes annulées. Mais ça me laisse du temps pour Fantôme, mon prochain spectacle. Il s’agit d’un ciné concert, en ce moment je fais le dessin animé, ça prend du temps, mais comme ça je peux écouter les podcast d’Affaire Sensible. J’aime bien cette émission.
Interview : Benjamin Burtin
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