Quand on me demande où se trouve le Bois Garnier, je ne sais pas trop l’expliquer. Il faut monter au Bois du Verne ou passer par le Magny et ensuite… C’est là qu’il y a problème. Où est-il ce quartier ? C’est comme s’il était perdu dans un autre espace temps, comme s’il était sous la RCEA, dans un monde parallèle.
On ne va pas parler directement de ruines ici, mais on pourrait évoquer les vestiges d’une époque révolue. Comme cette vieille chapelle un peu sinistre, un blockhaus des années 60, de laquelle s’échappent des bruits de disqueuse, de poste à souder et aussi un peu de musique métal.

Du métal, c’est bien de cela qu’il s’agit, mais du tranchant, du rouillé, du tétanique et pas seulement celui émanant des guitares.
Car cette chapelle est l’antre de Julien Clar, jeune chaudronnier d’art, passionné de découpes aux formes alambiquées, laissant jaillir la lumière. Masque de protection sur le crâne, le barbu cisèle la tôle, l’assemble, la caresse, l’épouse, assouvissant ses désirs créatifs dans des objets aussi beaux qu’originaux.

Le gars n’est pas des plus bavards, je le savais. Mais sa passion transpire de son discours, son humilité et son exigence aussi.
Bien accroché au plafond, Jesus a bordé du regard notre rencontre, quelques minutes avec Julien pour mieux comprendre sa démarche, ses motivations, à créer, à s’inventer entrepreneur aussi, là où ce n’est pas si simple, là où les ruines ne se laissent pas habiter si facilement.

Benjamin Burtin, Février 2021