Débat et opération vulgarisation pour comprendre la réforme des retraites dont l’application est prévue courant 2020 en France. 

Les invités pour en discuter :
Estelle Voisin, infirmière aux urgences de Montceau-les-Mines et responsable du Collectif Inter-Urgences du Département de Saône-et-Loire.
Marie-Claude Cavin, infirmière à Montceau-les-Mines et secrétaire du syndicat du centre hospitalier Jean Bouveri à Montceau-les-Mines.
Gérard Burtin, retraité (anciennement instituteur), anime l’Institut d’Histoire Sociale de la CGT en Saône-et-Loire.
Alain Berland, retraité du secteur privé.



Toutes les sensibilités ont été invitées à participer à ce débat.
Les « pro-réforme », les « anti-réforme », les causeurs·ses, les taiseux·ses, ceux qui s’en foutent et ceux qui ont envie de mieux comprendre.
On n’avait invité des avocats, des professeurs, des salariés du milieu associatif, du secteur privé…  On a lancé des appels publics sur les réseaux sociaux, passé des dizaines de coups de fil…
Certain·es n’ont jamais répondu. Certain·es s’étaient engagés et se sont désistés à la dernière minute, le quotidien et ses contingences prenant le dessus sur l’envie de contribuer à une opération de vulgarisation des points techniques de cette réforme.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que pour lire le texte de proposition de loi, faut être bien accroché·e ! A moins d’avoir un bagage de juriste, une solide connaissance des rouages, d’être technicien de la question…
Et qu’il est difficile de comprendre les conséquences positives ou négatives de cette réforme, les nécessités de transformer le système actuel ou les excès de zèle, les arrangements financiers ou les réelles volontés d’assainir les comptes pour que l’ensemble de la population française continue à bénéficier de l’un des systèmes de retraite les plus solidaires au monde, celui de la retraite par répartition qui s’appuie sur la solidarité intergénérationnelle.

Les médias nationaux rapportent souvent les mobilisations anti-réforme sous le prisme des désagréments occasionnés par la grève. Ça nous fait une belle jambe de savoir que les gosses sont gardés par Tata Josette parce que l’école est fermée, que les Parisien·nes soient contraints d’utiliser le co-voiturage pour se rendre au travail, que M. Machin soit mécontent parce que son train est annulé. Personnellement ça me touche beaucoup moins que de savoir que des femmes et des hommes, parce qu’ils craignent une injustice, soient prêts à se mettre en danger financièrement et pas uniquement, pour revendiquer leur droit à manifester, à s’exprimer, à participer du débat démocratique à l’aube d’une révolution législative sans précédent. Et moi je ne vis pas à Paris. J’aimerais savoir ce que pensent les gens autour de moi, sur ce territoire.

Bon, recueillir tous les sons de cloches parait impossible. Mettre autour de la table des pensées divergentes, des profils variés, opération plus que complexe à en croire les réponses que nous avons obtenues…
Il semblerait que ceux qui avaient envie de contribuer à cette invitation de réflexion collective sont tous « du même bord », comme on nous l’a rapporté. Et alors ? Quel est le problème ?
Celles et ceux qui prennent le temps de partager leur savoir et leurs convictions doivent être fustigés et montrés du doigt ? Qui sont les plus légitimes, celles·eux qui râlent déguisés derrière un avatar Facebook ou celles·eux qui affichent clairement leur position et défendent au quotidien ce en quoi ils croient ?

Il y a quelque chose de caricatural à toujours revendiquer l’objectivité nécessaire des médias. Il va de soi qu’on peut exiger l’application d’une rigueur absolue lorsqu’il s’agit de rapporter des faits, de communiquer une information précise, le déroulement exact d’un événement.
Ce n’est pas ce type d’information « évenementielle » qu’ODIL propose.

De quelle objectivité parle-t-on exactement quand il s’agit de proposer un débat citoyen ? Nous revendiquons la possibilité d’espaces d’expression collectifs ouverts à tous, sans distinction de genre, de catégorie sociales, socio-professionnelles ou de convictions politiques…
Nous organisons les conditions de rencontre d’individus qui partagent ou non les mêmes analyses du monde dans lequel ils vivent. S’en saisisse celles·eux qui se sentent concerné·es, qui considèrent que réfléchir à plusieurs cerveaux est un apport à l’élaboration de solutions, d’actions concrètes sur leur territoire. Celles·eux qui entendent que s’exprimer librement, c’est peut-être reprendre un peu de pouvoir sur son existence. Clarifier sa pensée, profiter de la contradiction pour s’affirmer ou changer d’avis… Apprendre à connaitre les autres, à recréer du lien, à rencontrer ses voisins ou des étrangers, au même endroit, dans un but commun : mieux vivre ensemble, mieux comprendre les mouvements impalpables qui traversent notre société, les surmonter ensemble.

À chacune et chacun de se sentir autorisé·e à participer aux débats que nous proposons. Si l’expression finale semble réduite à un courant de pensée, la porte est grande ouverte aux détracteurs pour enrichir le débat de leurs lumières. À bon entendeur ! 

Laëtitia Déchambenoit, Janvier 2020