Les 5 et 6 septembre, la Maison du Patrimoine de Bourgogne (MPOB) défiait la chape de plomb sanitaire et organisait à Anost un mini-festival nommé Femmes à lier / alliées.
ODIL était présente et partenaire, nous avons laissé trainer nos yeux et nos oreilles et soutenu la parole de certaines invitées.

A l’heure où le mâle blanc de plus ou moins de 50 ans tremble à l’idée de perdre une once de privilège, la MPOB a choisi de ne pas ajouter à son malaise et de ne pas mettre la dangereuse étiquette « Féministe » sur ses supports de communication.
Pourtant c’était bien des femmes dont il s’agissait, de leur place revendiquée ou non. Point trop de militantisme dans ce festival, peut-être pour mieux trouver sa place dans le milieu rural duquel il naissait, mais des témoignages, du concret et surtout une ouverture des plus inclusives faite aux femmes, à toutes les femmes dans leur spécificités et leur diversité.

Les ateliers pour les enfants animaient la grande tente tandis que dans la maison, on évoquait les coups de coeur de librairie traitant des questions de genre. Les Autunois de La Bricole servaient le thé, fournissaient les pinceaux, invitaient les flâneuses et flâneurs à s’inspirer, à s’exprimer.
Bien sûr des artistes, ont rythmé le week-end. Le duo, Les Filochés et leur mélange de conte et de musique traditionnelle, installant les femmes au coeur des récits populaires d’hier et d’aujourd’hui ou encore la marionnettiste Nadège Lopes, qui pour sa première création aborde les questions de féminisme et religion.
Les groupes Osmonde, revisitant par la polyphonie les chants locaux, et Narma, qui au son des gembri, oud ou kanoun explore le répertoire arabo-andalou, ont enivré les visiteuses et visiteurs du samedi soir.

Mais les points d’orgue du festival étaient bien les prises de paroles des invitées de la grande salle et du centre de documentation.
Tout d’abord la bienveillance du discours de la sage-femme Chantal Birman, autrice du livre Au monde, ce qu’accoucher veut dire et toute l’expérience de son engagement au MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement de la Contraception).
Ensuite, Caroline Darroux, ethnologue et autrice de la thèse, La vieille femme salie, évoquait outre son parcours de chercheuse, ses rencontres avec ces femmes récalcitrantes à la bonne société qui aimait les qualifier de sorcières, dans les villages du Morvan et du rôle social qu’elles y tenaient.
Puis, loin des clichés soi-disant républicains, deux femmes venaient signifier qu’on peut être féministe et musulmane. La conseillère régionale et militante associative Nisrine Zaïbi, toute en lucidité sur son parcours et Abida Allouache autrice de La non-violence dans l’Islam, le Djihad au coeur. Ancienne journaliste en Algérie au vécu personnel et professionnel riche d’instruction sur les modèles non-occidentaux d’être une femme engagée.

Il y en avait pour les yeux aussi, avec l’ exposition, Qui sont ces femmes?, rapprochant les documents prêtés par le Musée des Nourrices (MNEAP – Alligny-en-Morvan) et les photographies d’Andréa Malterre et Ghérard Christon, traitait des normes qui s’appliquent au corps des femmes et qui évoluent en fonction des époques, et pour finir la diffusion du film Adam au cinéma d’Anost.

Nous, on a profité, on a goûté volontiers toutes ces paroles et puis on a profité des temps de pauses pour sillonner l’herbe ou palabrait le public. Et puis on a concocté un petit son d’ambiance pour vous la partager.

On en veut plus, plus d’événements comme ça, dans nos campagnes comme dans les villes. C’était bien…

Benjamin Burtin, 5 octobre 2020