Le Collectif « Les Enclumés » présente le spectacle Les Médusés de Gorgopolitis, une histoire inscrite dans un futur où tout souvenir a disparu !
Des « chercheurs de mémoire » prennent vie dans le conte, la musique, le chant et les sculptures. Une création de Cédric Touzé qui nous parle du projet.

Les Médusés de Gorgopolitis, une histoire qui se passe dans le futur… Peux-tu nous en dire quelques mots ?

Le postulat de base de cette histoire s’appuie sur le mythe grec de la Méduse, cet être monstrueux qui transformait en pierre tous ceux qui osaient la regarder. La méduse de Gorgopolitis représente notre monde contemporain et propose de nous questionner sur nous-mêmes en tant qu’humain-citoyen d’un monde de plus en plus difficile à cerner, à regarder sans se pétrifier…

« Qu’est-ce-qui nous méduse, qu’est-ce-qui nous sidère ? Qu’est-ce-qui serait susceptible de nous transformer en pierre ? »

Ainsi Les Médusés de Gorgopolitis se présentent comme une sorte d’arrêt sur image archéologique de notre société, proposant de prendre du recul.
Imaginez-vous au lendemain du « Grand Solstice », période future au cours de laquelle notre civilisation se réveille sans souvenir, sans technologie, sans énergie et doit tenter de survivre et de reconstruire une culture commune…
Pour cela, les survivants creusent le sol de la cité de Gorgopolitis et commencent par retrouver les Médusés, personnages figés dans le temps. Que racontent-ils ? Qui sont-ils ? Cette génération d’un nouveau monde fébrile commence alors à imaginer des histoires sur le monde de ceux d’avant, un monde souvent déroutant, mais aussi parfois source d’espoir, celui de notre XIXème siècle.


« Le choix de raconter une histoire qui se passe dans le futur permet de mieux analyser notre présent ».

Lecture, conte, chant, musique, écoute au casque, arts plastiques sur scène ; entre exposition et spectacle, la forme que vous proposez est singulière. Quel rôle voulez-vous donner au spectateur ?

L’idée est de créer une immersion totale du spectateur pour qu’il puisse s’imprégner au mieux du voyage que nous lui proposons. Sa visite dans le Gorgopolitis Musuem est une libre déambulation où chacun peut créer son parcours, se forger une histoire, s’en saisir. De cette manière nous espérons qu’il s’intègre dans ce présent-futur collectif non pas seulement en tant que spectateur, mais en tant qu’acteur.
L’utilisation des différents médias artistiques participent ainsi à la stimulation de l’imaginaire. 

Avec cette oeuvre vous questionnez l’empreinte qu’on laisse aux générations futures. L’art sert à prendre conscience des problématiques sociétales ?

À mon sens, l’art à la capacité de modifier un point de vue, de permettre de tourner autour d’un sujet, de l’aborder d’une autre manière avec liberté, d’une façon originale, déconvenue, exagérée.
Cette liberté de distordre la réalité pour en augmenter la force est le principe même des Médusés de Gorgopolitis. Nous ouvrons pas mal de fenêtres de l’ordre de la pensée scientifique par le biais de l’imaginaire comme le fait la littérature de science-fiction en règle générale. Nous abordons des thématiques relevant de l’archéologie, l’anthropologie, la sociologie, l’écologie par le prisme de la légende, de l’histoire abordable et vulgarisée capable de parler à un plus grand nombre et pourquoi pas participer à la « prise de conscience » des grands enjeux de nos sociétés modernes telles que certains chercheurs tentent de nous les expliquer. Dans ce projet, je vois l’art comme une passerelle permettant l’accompagnement de la parole. 

Le Collectif Les Enclumés est à l’origine de ce spectacle. Quelles sont vos autres activités ?

Les Enclumés tentent depuis plusieurs années de tisser du lien par la création de ses spectacles et également par diverses actions à destination des publics en milieu rural. La compagnie est basée à Couches depuis trois ans environ et travaille à Saint Jean de Trézy au Petit Théâtre du Bât de l’Âne, un lieu alternatif situé dans une grange. Ce lieu accueille des artistes en résidence et leur propose de se produire. En parallèle de cette programmation de spectacles, expo, concerts qui ont lieux d’avril à octobre, un festival mêlant théâtre de marionnettes et musique. Il s’agit du festival « Sous l’Barnum » qui aura lieu les 26, 27 et 28 septembre à Saint Jean de Trézy. À suivre…


Crédit photo [Image de l’article] : Xavier Spertini