Pete, je ne le connais pas vraiment.
On se croise depuis des années à Chalon-sur-Saône, dans les salles de concert du coin, sur le festival Chalon dans la rue… Je le vois toujours en coup de vent et chaque fois c’est comme un petit coup d’électricité statique. Il me fait penser à un personnage de manga, à une icône du rock à qui on ne peut pas donner d’âge… Je connais mal sa musique mais j’ai assisté quelques fois à ses concerts, sidérée par son énergie et son charisme.
J’ai l’impression qu’il fait partie des murs, que ses coupes de cheveux manqueraient au paysage s’il partait trop longtemps sans revenir nous rendre visite. Que le son de sa batterie rythme les années qui défilent sans lasser le public.
Il a sorti récemment un clip et un nouvel album, j’ai sauté sur l’occasion pour savoir un peu plus qui il est…





Dis Pete Sputnik, on a tous l’impression d’un peu te connaitre. La légende accessible de la scène underground chalonnaise ! Mais peut-être que tu pourrais nous retracer rapidement ton parcours, nous dire qui tu es ? 

Né en Allemagne d’un père guitariste, j’ai été baigné dans un milieu musical dés mon plus jeune âge. Par la suite j’ai pu constater que la musique était un langage universel et un allié précieux pour communiquer à mon arrivé en France à l’âge de 12 ans. J’ai formé mes premiers groupes dés l’adolescence. A l’époque j’étais plutôt guitariste-chanteur mais à partir des années 90, j’ai occupé le poste de batteur-chanteur-auteur-compositeur dans la plupart de mes formations. (Rezo Übergang,
The Silly Things, cosmoNAutes, Sputnik & the Misty Mission, Hardbeat von
Caravan…..) J’ai toujours écouté beaucoup de styles différents, mes disques de chevet étaient ceux de mon père : Rolling Stones, Lovin’Spoonful..etc… Ma mère me trainait dans les JazzClubs… un large panel d’influences mais à 20 balais c’était plutôt la cold wave qui m’attirait : Bauhaus, Joy Division et des frenchies comme Marquis de Sade… Au fil de mes groupes, je suis passé du Rock Psyché 60’s 70’s au Rock électro en passant par le Noisy/Stoner tout en étant parallèlement musicien de Studio pour d’autres formations pour le label Nova Express entre autres mais aussi pour des spots publicitaires. J’ai également été compositeur et interprète de la musique de plusieurs spectacles de théâtre de rue. Mon projet « One Man Band » a vu le jour début 2013 à la suite de quelques projets sans avenir, de reformations laborieuses et grâce à la confiance aveugle d’un patron de club. J’ai repris le chemin des concerts en peaufinant mon set de jour en jour. Un premier EP et un clip entièrement autoproduits sortiront début 2014. S’en suivront
pas mal de concerts. Mais le projet a rapidement été mis entre parenthèses pour des raisons de santé. En 2015 j’ai eu la possibilité de me baser à Paris. Le besoin de redonner un nouveau souffle au projet « One Man Band » se fait ressentir. En 2017, après avoir répété et intégré de nouveaux titres au set, j’ai doucement repris le chemin des concerts.

Comment as tu choper le virus du rythme ?

Grâce à mon père Guitariste / Chanteur, qui m’a mis derrière les futs dès mes 4 ans…




The ostrogothe, les Cosmonautes… 
C’est quoi ton délire avec l’espace ? Tu viens d’une autre planète ? 

Oui, Ostrogothe du fait que je viens de la Teutonie mais c’est plutôt Astrogothe, la petite nuance astrale…. C’est parti des cosmoNAutes. Ce n’est pas très sérieux de raconter ça mais avant qu’on ne soit un groupe nous étions de jeunes cons qui, à l’occasion expérimentaient des produits divers et nous avions un soir bouffé des médocs qui nous mettaient un peu au ralenti, comme des astronautes marchant sur la lune… D’ou l’idée d’une bande de potes, les cassos, de nous appeler les CosmoNAutes et nous avons tout simplement gardé le nom.
Il fallait que je me trouve un nom de scène pour rester dans le thème et j’ai trouvé Pete Sputnik… ensuite on s’est mis à délirer autour du thème…
On s’emballait de papier alu sur scène et notre vie était elle même un peu une errance spatiale…. 

C’est quoi la scène underground ? L’opposé de la pop ? 

Pour moi ca n’existe plus vraiment !
C’est devenu un terme générique. A la base c’est tout simplement la culture souterraine (qui se passe souvent dans les caves d’ailleurs…), ceux qui refusent de consommer de la culture commerciale prémâchée et qui ont fait en sorte de monter des labels indépendants, des salles, des réseaux qui ne dépendent d’aucune grosse structure…. Pop et Underground… c’est trèèès large et ça se télescope par moment…

Tu sors un nouveau clip, trop classe. Tu es de retour sur scène ?
Un nouvel album ? 

Merci… Oui, je suis sur ce projet album/clip depuis un an environ et tout s’est finalisé récemment. Le clip a été tourné en Allemagne cet été par des amis de Cologne qui ont fait un super job… L’album a été enregistré entre Paris et Besançon. Il est disponible sous forme de vinyls, CDs, mais également en téléchargement on ze web.
J’entame maintenant la phase communication et recherche des dates bien que l’on m’ait déjà sollicité pour quelques concerts ces prochains mois. 


PETE SPUTNIK – As Pretty as You’re Mean – Fin 2019


Dans le clip on comprend que tu es partout. L’homme orchestre. C’est un choix ? 

C’est pas forcément un choix mais un enchainement naturel et un constat duquel je m’amuse d’ailleurs dans mes bios de présentation :

 Avant Pete Sputnik jouait dans différents groupes,
« The Silly Things » > 5 mecs.
« CosmoNAutes » > 4 puis 3 mecs.
« Sputnik & the Misty Mission » > 2 mecs. 
On lui avait dit qu’il finirait seul ! DONE !
« Pete Sputnik – The Astrogoth », survivant de son espèce, poursuit sa quête seul, avec sa drums, sa voix et ses séquences…. ASTRO-Power !!!!

ou encore,

Après de multiples aventures allant du Rock psyché au Rock électro dans diverses formations, Pete qui souffre des égos et des contraintes liés aux groupes, se met à penser à un projet solo… Un club dans sa ville lui demande de venir jouer avec son dernier groupe malheureusement fraîchement séparé. Il propose alors un nouveau projet encore inexistant… ce qui n’ébranle pas la confiance du patron. L’idée d’un one-man-band fait son chemin et c’est donc seul que Pete a distillé et embouteillé un set d’une douzaine de titres cosmiques et énergiques….

Mais je ne suis pas hermétique aux projets de groupe, la preuve :  j’ai récemment formé un PowerTrio parisien.
En revanche, le projet Pete Sputnik restera un OneManBand. Je suis rarement seul sur la route mais le fait de jouer seul comporte des contraintes… Et si il n’y avait que la musique… Il faut également s’occuper de tout le reste : communication, recherche de dates…
C’est pour ca que je suis obligé de faire les choses les unes après les autres et ca prend forcément plus de temps ! L’idéal serait évidemment de trouver une structure ou quelqu’un pour m’épauler dans ces domaines…
Il y a quand même des avantages à être seul maître à bord et c’est beaucoup plus simple pour savoir la dispo de chacun !!!

Pour financer ce clip et l’album, tu as mis en place un financement participatif. C’est un phénomène nouveau pour toi de faire appel au soutien de tes fans et des autres ? C’est difficile localement d’avoir une ambition professionnelle dans le monde de la musique ?

Oui, c’est nouveau pour moi et c’est l’obtention d’une subvention qui donnera l’impulsion salutaire à la concrétisation du nouveau projet album / clip qui germait dans mon esprit. J’étais déjà dans une phase de création et de renouveau avec la complicité de mon ami compositeur MorelP du studio MPSound (Champigny sur Marne – 94). Finalement, épaulé par le Studio des Variétés, j’obtiens une subvention.
L’idée d’un Crowdfunding, permettant de compléter la somme nécessaire au projet, va me paraître une solution. A travers la plateforme Ulule ce fut un succès total le 3 juillet dernier (2019). Dans la foulée la SACEM à également participé au financement pour la vidéo. Avec les réseaux sociaux et internet en général, c’est beaucoup moins compliqué d’avoir ces ambitions quand on habite dans nos contrées par exemple, mais je pense que c’est quand-même mieux de se trouver dans des villes à fort brassage culturel, ne serait-ce que pour toucher un public plus large !!! 





Tu as toujours pris soin de ton image, toujours fait des vidéos. Mais les modes de diffusion ont un peu changé depuis tes débuts. C’est plus facile aujourd’hui de partager sa musique et d’exister ? Ou au contraire on est noyé dans la masse ? 

C’est sûr qu’il y a du monde au portillon… Mais c’est vrai que les réseaux sociaux facilitent la communication et la diffusion… ça prend beaucoup de temps et il faut effectivement s’adapter…

L’Autoproduction, le DIY, c’est pas nouveau dans le rock.
Les moyens se sont démocratisés, sont accessibles à tout le monde, même les mauvais ?

Il y a effectivement à manger et à boire…
On peut faire du cheap pour pas cher ou essayer de faire un truc un peu plus professionnel en y mettant les moyens, mais ça reste cher !
Pour exemple le budget total de mon projet album/clip s’élève quand même à plus de 9000 euros… Pour le reste, tous les goûts sont dans la nature et je respecte ça… 

Tu vas jouer bientôt dans la région ?

Je jouerai au « Nièpce », place de l’Hôtel de Ville à Chalon le 28 février 2020.
Toutes mes dates de concert sont annoncées au fur et à mesure sur ces différents liens :
https://petesputnik.bandzoogle.com
Bandcamp :
http://petesputnik.bandcamp.com
Facebook :
https://www.facebook.com/SputnikPete https://www.facebook.com/pete.sputnik

Question bonus : le Rock n’ Roll n’est pas mort ?

NEIN ! Et il n’est pas près de mourir à mon avis, bien que là c’est pareil, c’est devenu trèèès large comme définition… Tu fais du Rock ? Oui mais encore ??? Tout le monde y va de sa petite définition de style histoire d’affiner…
Moi ça serait plutôt « Cosmic Electro Power Noise ».
Sur les 6 titres de mon album EP, il y’en a un peu pour tous les goûts : il y a un titre plutôt Electro tendance Techno, un autre plus Stoner et un autre clairement Punk-Rock.
D’ailleurs pour l’anecdote, le titre de l’album est aussi le titre d’un des morceaux de l’album « The New No Fun », qui est un clin d’œil sans prétention au « No Fun » des Stooges sorti il y’a exactement 50 ans…
(« a stooge », c’est un larbin, un pigeon !!)…

WHAT A LOVELY TOXIC DAY
GET OUTTA BED
PEEL OFF MY OXYGEN MASC

DRINK A DEHYDRATED COFFEE LIKE SUBSTANCE
I TAKE MY ACID SHOWER
AS FAST AS POSSIBLE

WHAT’S THE NEWS TODAY ?
CHURCHES BURNING, WARS, GENOCIDES
RACIST POLITICIAN LYING
YAY NOW IT’S PARTY TIME

IT’S ALL OVER NOW / WE HAD A LOT OF FUN
WELCOME TO / THE NEW NO FUN
THE NEW NO FUN

IT’S  RAINING DEAD BIRDS
LIKE ON TWITTER
ASPHALT IS MELTING
LIKE A SENSE OF DECENCY
PLASTIC ON THE BEACH IS GLISTENING
IN THE SUN……..

IT’S ALL OVER NOW / WE HAD A LOT OF FUN
THEY TOLD US THIS MODERN LIFE WAS WINNING
BUT IT TURNS OUT WE’RE THE STOOGES
THE NEW NO FUN for everyone
THE NEW NO FUN you are welcome

THE NEW NO FUN
(Stephen Lukacic – Pascal Morel – Pete Sputnik)


Le Rock n’ Roll n’est pas mort.