Il y a trois ans, le collectif Labozero participait au Nikon Film Festival avec son court métrage Je suis candidat, réalisé par Cédric De Montceau. Une politique-réalité incarnée par un politicien véreux mais pas méchant, dans une posture délicate quelques minutes avant son meeting. Le majeur tout droit sorti, il décide d’assumer et de monter sur scène, soutenu par son staff de campagne, pour faire un gros fuck à son audience…
Le public avait alors retenu le film parmi les cinquante finalistes et Je suis candidat avait été projeté au prestigieux festival de court métrages de Clermont Ferrand. Bien que les blagues les plus courtes soient les meilleures, l’équipe de Labozero a eu envie de poursuivre l’aventure en réalisant à Montceau-les-Mines, le préquelle du premier film. Le 26 minutes qui en résulte nous explique l’ascension d’un inconnu, élu pour ses qualités médiocres au rang d’homme politique. Rencontre avec le personnage principal du film, Denis Colignon, candidat à on ne sait quoi exactement…


Salut Denis, je peux vous appeler Denis ?

J’aurai préféré que vous ayez eu le réflexe de m’appeler votre altesse sérénissime ou votre grandeur mais ça ne se fait plus malheureusement. Je plaisante hein ! C’est pour détendre l’atmosphère, je suis assez beau en règle générale, je comprends que vous cherchiez de la proximité. Denis c’est le prénom que m’a donné ma maman. Je kiffe aussi, je vous autorise.

Les présidentielles sont passées, les municipales aussi, on vous croyait mort. 

Pensez donc ! Je suis bien vivant ! En même temps vu le contrat de sponsoring que j’ai signé avec Biosanto, je ne peux que péter la forme. Avant on signait des contrats d’exclusivité avec les cartels de la drogue. Mais c’est plus ce que c’était. Il faut vivre avec son temps. Aujourd’hui, on est plus à l’aise avec la pharmacopée, c’est plus propre. Ils financent nos campagnes électorales et on prend leurs produits remarquables. On choisit sur catalogue avec un système de points. Un peu comme Weight Watchers.

Où étiez vous tout ce temps ? 

J’ai passé beaucoup de temps en Suisse aux côtés de mon ami Johnny H. (il tient à rester anonyme) On a souvent nettoyer notre sang ensemble à la Clinique Bernard Arnault de Lausanne. Biosanto nous y invite chaque année pour tester de nouveaux produits. Mais apparemment les centres d’accueil VIP Biosanto vont se délocaliser en Italie prochainement. L’immobilier aurait chuter, il y a des opportunités. Je suis chaud patate pour expérimenter les suppositoires Gluten Free anti-paludéen de leur nouvel gamme au bord du Lac de Côme.

Qu’est ce qui a motivé votre retour ? 

C’est surtout mon contrat avec Biosanto. J’arrivais en fin de droits. Pour renouveler mon contrat, il fallait que je me relance dans une campagne électorale. J’ai validé mes points Weight Watchers et suis reparti au turbin comme un bon citoyen.


Vos engagement pour la France sont-ils toujours d’actualité ? 

Oh vous savez la démocratie c’est fini depuis longtemps mais personne ne veut s’y faire. Nous on sait, donc on joue le jeu et on fait notre part de représentation c’est tout. Quand je me suis coincé les doigts c’était un accident… Enfin j’avoue que j’avais un peu forcé sur la tisane. Mais ça a rassemblé les français, c’est pas rien ! Je suis un modèle discount, mais j’étais l’homme de la situation à ce moment là.  On donne aux gens ce qu’ils demandent vous savez. Pas ce qu’ils méritent, ça coûterait trop cher.

Comment Biosanto a t-il réussi a endiguer la pandémie Coronavirus ?

(Rires) Ce bon vieux Covid ! Clément Covid il s’appelait je crois si je me souviens bien. Très sympa et super fort au ping-pong. Un revers de fou. Il était encore stagiaire quand il a fabriqué le Coronavirus. Il a fait ça avec un pangolin, de l’andouille de Vire et de la litière de chinchillas. C’était un exercice appliqué. Ils ont juste fait un peu durer pour se marrer. Vous savez c’est assez austère le milieu scientifique, ils ont le droit de déconner un peu aussi tout de même. De toutes façons à chaque siècle Biosanto fait une purge. Ils votent juste la date au comité d’entreprise autour d’un sandwich et d’un Riqulès. Ce coup là c’est tomber en 2020. Il l’ont appeler 19 juste pour vous emmerder.

Candidat – Court-métrage grotesque présentant l’ascension fulgurante de Denis Colignon. Un candidat politique manipulé par un laboratoire pharmaceutique tout puissant. Ou comment un problème majeur devient une force de rassemblement. Le film